Apprendre, réfléchir et critiquer

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Le 11 SEPTEMBRE et la critique de la version officielle : EST-ON DANS UN VRAI DEBAT D’IDEES ?

Ces quelques lignes font référence à la partie de mon forum consacrée aux attentats du 11 septembre, où je présente schématiquement les différents points de vue concernant l'épineuse question des attentats du 11 septembre.

On ne discutera pas ici des différents arguments, car cela serait infini, et on ne ferait que reprendre des éléments déjà parus ailleurs. En revanche, il y a une chose qui mérite d'être étudiée, même si de façon très brève : l'atmosphère qui entoure ce débat passionnel.

 

 

Les USA ont une longue histoire avec les théories du complot, qui depuis longtemps fascinent les Américains : assassinat de Kennedy, de Martin Luther King, mort de Marilyn Monroe, la mission Apollo sur la lune en 1969 qui n'a soi-disant jamais eu lieu, Elvis qui n'est pas mort... depuis longtemps ces affaires font couler l'encre. Il n'est pas donc pas nouveau qu'au lendemain des attentats du 11 septembre, nombreux étaient déjà les "sceptiques", et il n'est pas non plus nouveau que le phénomène ait rejoint une telle ampleur par la suite, grâce bien sûr à Internet qui a permis de propager à travers le monde des documentaires comme Loose Change, succès planétaire, mais aussi grâce aux ventes de certains livres à succès, comme celui de Thierry Meyssan, l'Effroyable Imposture, traduit en 28 langues.

 

Il est donc compréhensible que les esprits s'affolent souvent quand on parle de complots. Ils s'affolent certes du côté des manipulateurs en tout genre, chez les gens en quête de sensations fortes, chez les "théoriciens du complot", chez les écrivains... mais on oublie peut-être que les esprits s'affolent aussi chez ceux qui dénoncent ces "théoriciens du complot" : ainsi, non seulement d'un côté on voit des complots partout, mais de l'autre côté on voit aussi des "conspirationnistes" partout, mettant souvent dans le même sac les gens sans esprit critique et ceux étant à la recherche de la vérité, ce qui est très regrettable et assez simpliste.

Le problème est qu'en fin de compte, le simple fait de contester la version officielle d'un évènement majeur, comme le 11 septembre, l'assassinat de Kennedy ou de Martin Luther King, semble être en soi un acte irrationnel, un acte de méfiance envers les institutions, une attitude de paranoïaque qui voit partout la main des services secrets.

 

En d'autres termes, cette même méfiance, qui est belle est bien réelle chez certains "conspirationnistes", se retrouve aussi en réalité chez les détracteurs des théories du complot. Toute personne déclarant que la version officielle du 11 septembre présente quelques éléments douteux passe automatiquement pour un pro terroristes, un "anti-américains", voir même un antisémite comme j'ai pu l'entendre au sujet de la rumeur (de source israélienne) qui disait que les juifs avaient été prévenus à l'avance de l'attaque.

En somme, on ne peut pas se poser de questions, en tant que simple citoyen, sur cet évènement, mais on doit appartenir forcément à une certaine idéologie, qu'elle soit pro islamiste, gauchiste, anti-impérialiste ou anti-américaine. Cette obsession de mettre les gens dans des catégories a deux impacts principaux. D'abord elle évite de discuter du sujet (officiellement, l'assassin de Kennedy est toujours Oswald), c'est-à-dire que les arguments avancés par les "conspirationnistes" doivent forcément être de mauvaise foi ou faux, et donc il valait plus la peine de s'interroger sur le pourquoi de ces thèses plutôt que sur leur contenu.

Ensuite, elle cache le fait que beaucoup de gens, qui ne sont ni d'extrême gauche, ni des sympathisants de Ben Laden, et qui, par exemple au moment où ils ont vu la tour du WTC 7 s'effondrer, épisode toujours non élucidé, se sont posé des questions, trouvant cela bizarre. Parmi eux, des ingénieurs, architectes, professionnels de la démolition des bâtiments, mais aussi, surtout, certains proches des victimes et personnes ayant survécu à l'attentat.

Cela ne veut pas dire que ceux qui ne croient pas à la version officielle ont raison. Cela signifie juste qu'on discrédite certaines personnes sérieuses, qui méritent des réponses (je pense aux physiciens et ingénieurs qui ont étudié l'effondrement des tours), et qui sont traités publiquement comme de vulgaires amateurs qui seraient à l'affût d'un scoop qui ferait sensation.

 

Si le problème est si facile à régler, alors pourquoi ne pas le faire publiquement, sans émotions, en reprenant point par point les aspects de l'affaire qui sont mis en doute par certains, en les étudiant de façon objective et en faisant un bilan le plus neutre possible.

Au lieu de ça, nous avons deux camps solidement installés : les "pro-version officielle", ceux qui rejettent catégoriquement le fait qu'on puisse douter de la version officielle, et les "conspirationnistes", qui déjà à la base doutaient, et qui doutent encore plus du fait de l'attitude de leurs adversaires, qui, en ne les laissant pas s'exprimer comme ils le voudraient, ou en tout cas en ne leur accordant pas l'attention qu'ils voudraient, se confortent dans leur idée puisqu'il n'y a pas de réel dialogue, de confiance entre "les deux camps", et donc les positions restent figées.

On oublie que cette situation très caricaturale exclue tous les gens qui, comme dit auparavant, n'ont aucun intérêt politique ou idéologique à critiquer la version officielle. Ce sont des gens normaux, qui doutent, non pas parce qu'on leur a fait croire des choses sur Internet, mais parce que leur bon sens les a fait douter de quelque chose. Si ceux-là sont écoutés et qu'on répond à leurs attentes d'une façon sérieuse et convaincante, par un vrai débat comme on l'a dit plus tôt, alors on pourra les "éliminer" de ce débat, qui de fait n'existera plus car il ne restera alors plus que quelques illuminés fuyant la réalité. Encore faut-il que cette réalité soit établie de façon claire.

 

Mais tant que le seul document officiel d'investigation sur l'attentat du 11 septembre sera le rapport de la 9/11 Commission, tant qu'on n'aura pas expliqué l'effondrement de la tour WTC 7, tant que les mouvements de spéculation en bourse durant les semaines précédant les attentats ne seront pas élucidés, en somme tant que de simples citoyens n'auront pas de réponses à leurs questions,  alors les théories du complot auront la vie longue, nourries à la fois par la fantaisie de leurs théoriciens et par l'absence d'un réel dialogue parmi le « camp adverse »,  qui les ferait douter de leurs positions si tranchées.

Et, si ce dialogue existe,  c'est malheureusement trop souvent un dialogue de sourds, et on se retrouve dans la même  situation qu'un enfant qui pleure car il ne comprend pas ce qu'il a fait de mal, tout bonnement car les parents n'ont pas réussi, par manque de pédagogie ou par manque de volonté,  à lui expliquer ce qui n'allait pas dans son attitude et pourquoi il était puni.



08/06/2009
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