Apprendre, réfléchir et critiquer

Apprendre, réfléchir et critiquer

Religions , Fondamentalismes.

Réflexions sur la Bible chrétienne, en particulier les quatre Evangiles et leurs imprécisions, sur le fondamentalisme, et plus généralement sur les 3 grandes religions monothéistes, avec un effort de replacer celles-ci dans un contexte historique et culturel, c'est-à-dire ne pas les voir en tant que entités à part, se développant sans influence extérieure (d'autres cultures), mise à part celle de Dieu, et évoluant dans le cadre temporel dicté par les textes.
Autrement dit, il s'agit ici de ne pas partir du principe que la Bible (ou le Coran..) est un texte à valeur historique, ou qu'il ne l'est pas d'ailleurs, ce qui serait aussi une erreur, mais de vérifier l'authenticité de la chronologie biblique et de ses faits par l'histoire, l'archéologie, par l'étude des langues (notamment les problèmes liés aux traductions des textes qui se sont faites tout au  long de l'histoire), l'étude des cultures et croyances des époques où les textes ont été écrits et ainsi de suite.

En somme, donner "un cadre" à l'histoire de la bible, la placer dans son contexte, et ainsi voir si ce que celle-ci nous indique (les évènements, la chronologie) est en accord avec ce cadre, si ce n'est pas le cas, ou bien si nous ne savons tout simplement pas. Douter.
Bien sûr une grande partie des croyants sont sceptiques quant à la véracité de certaines histoires racontées dans la bible comme le déluge, l'histoire de la création ou les récits des Patriarches (ancêtres d’Israël), certains "avouent" qu’elles ne sont que des mythes, légendes, transmises oralement de père en fils ou empruntées à d’autres cultures (notamment Babylone). Ce n'est pas à ces croyants là qu'il faut s'adresser, mais à ceux  qui manipulent volontiers les faits historiques en fonction de leurs propres intérêts, qu'ils soient politiques ou religieux (prosélytisme, conquête ou re-conquête de la "Terre sainte").

Et bien souvent, les deux sont liés : on utilise la religion comme arme pour influencer la politique, car si on peut penser que les fondamentalistes religieux ne sont pas nombreux par rapport à la majorité des croyants de chaque communauté, il ne faut pas sous-estimer leur poids politique : ainsi les Evangéliques Américains (avec le lobby juif bien sûr , rappelons que la deuxième communauté juive la plus nombreuse après Israël est située au USA) pèsent sur la politique étrangère américaine concernant le conflit israélo-palestinien avec leur 80 millions de fidèles (sur 300 millions d'individus) qui défendent inconditionnellement l'Etat d'Israël en tant que protecteur de "leur"  Terre Sainte (même si paradoxalement un Evangélique n'hésiterait pas une seconde à convertir un juif d'Israël si cela était possible).
Quel candidat à élection présidentielle irait contre l'avis d'un groupe d'électeurs si nombreux et puissant? On voit déjà que Obama ne va rien changer au conflit Israélo-palestinien, ou en tout cas va tout à fait dans le sens  des revendications basées sur la religion : 30 milliards de dollars pour Israël et une déclaration sans ambiguïtés : "Jérusalem est la capitale d'Israël", tel est la réponse d'Obama aux lobbys juif et évangélique américains.

Même chose pour le sionisme qui n'a pas hésité à utiliser la religion en arrière fond dans son programme, mais seulement comme outil de persuasion pour les masses qui avaient besoin de bien plus qu'un simple programme politique pour être convaincues de vouloir retourner en Terre sainte. La religion n'était pas le premier souci des sionistes qui créèrent l'Etat d'Israël, mais on l'utilisa  pour rallier les gens à la cause sioniste, qui n'était autre que la création d'un Etat sur le modèle européen, laïc et  démocratique, fondé sur le travail, et duquel on chasserait petit à petit les habitants, toujours sur fond de religion : la terre "appartient" aux juifs car c'est le peuple élu de Dieu. Voilà l'argument qui a suffit aux sionistes, et qui suffit encore aujourd'hui à ceux qui défendent la politique de l'Etat d'Israël, pour justifier l'occupation Israélienne en Palestine et le traitement qu'on inflige à ses habitants depuis la partition en 1947, avant même la création de l'Etat d'Israël.

Les sionistes et les Evangéliques ne sont que deux exemples de la façon dont le fondamentalisme peut influencer non seulement la politique d'un pays mais aussi la société toute entière, et cela sans qu'on ne le remarque de façon spectaculaire comme pour un attentat, or c'est bien souvent cela qu'on retient, et c'est par conséquent souvent aussi l'intégrisme musulman qui nous frappe le plus et qui nous inquiète le plus, les débats français sur l'identité nationale et sur la burka en témoignent.
Et sur cela il y beaucoup à réfléchir. N'y aurait-il pas "deux poids et deux mesures" lorsqu'il s'agit de comparer un terrorisme d'Etat et un terrorisme qui est le fruit d'une occupation, d'embargos, de discriminations, de politique de ghéttoisation menée par l'Etat hébreux? Evidemment, la population israélienne a le droit d'avoir sa sécurité, mais ici il s'agit d'étudier notre regard occidental sur cette question, ainsi que celui venant d'une certaine droite isaraélienne, et de remarquer que, souvent, la lutte palestinienne armée est un prétexte fantastique pour justifier tout abus de pouvoir de la part d'Israël, le dernier en date étant bien sûr le massacre de Gaza de fin 2008-début 2009.
Quelque part, il semblerait qu'il soit difficile, voire impossible, pour de nombreux hommes politiques européens, américains ou israéliens, d'attaquer publiquement la politique israélienne lorsqu'il s'agit de riposter contre les "terroristes", puisque l'existence même de ce pays serait menacée, nous dit-on. Mais alors pourquoi ne nous dit-on pas également que le Hamas a reconnu l'Etat d'Israël en 2006, plutôt que de nous répéter sans cesse que la charte du Hamas proclame la "destruction d'Israël?" Pourquoi ces mensonges sur un discours d'Ahmadinejad, où il aurait soit-disant dit qu'il fallait "rayer Israël de la carte", alors qu'il n'en est rien?

Ceux qui attaquent la politique israélienne, hélas, se font souvent également traiter d'antisémitisme. De l'autre côté, prétendre que le Hamas, mouvement démocratiquement élu, est un mouvement de résistance, est pratiquement apparenté à une forme de soutien au terrorisme. Il faudrait que ce "deux poids deux mesures" cesse, et que l'on considère également qu'un Etat puisse être en tort, de même qu'il faudrait commencer à d'interroger sur les fondements du mouvement sioniste et de son application sur le terrain par la colonisation de Jérusalem-Est qui ne s'arrête pas malgré la pression des américains. La droite israélienne, forte du soutien d'une majorité israélienne de la population sur ce sujet, prend donc le risque d'ignorer même un de leurs rares alliés, et de continuer à prôner que le peuple juif, conformément à la bible, est le propriétaire légitime de ces lieux saints.


Sur la question des évangéliques, il me semble qu'il faudrait porter l'attention sur une chose en particulier, à savoir le fait que, dans notre imaginaire, nous considérons ces gens comme de parfaits innofensifs, de simples illuminés qui croient dur comme fer à la Bible mais qui restent dans leur coin à prier et donc qui ne dérangent pas. Et bien le problème est justement, comme pour les sectes en général, qu'ils font du prosélytisme une de leurs caractéristiques, et que donc leur mission est de convertir un maximum de personnes. Si cela peut ne pas déranger, j'invite les gens à voir le documentaire "Jesus Camp", qui montre bien l'endoctrinement brutal auquel sont confrontés les enfants qui viennent de familles protestantes évangéliques et à qui on transmet les valeurs de la bible pour les "sauver".
Et lutter contre le mouvement évangélique, le dénoncer, c'est aussi lutter contre cette ignorance, lutter contre le fait que certains veulent inculquer aux autres, et d'abord leurs propres enfants, en fait au maximum de gens possible et ce à tout prix, des idées, valeurs, modes de vie, une certaine histoire de la terre et de l'humanité. Et tout cela est basé sur de grossières manipulations historiques (le monde aurait été créé il y a 10 000 ans...) et sur la vérité toute puissante de la bible, seule et unique source de bonheur.  Lutter  contre l'évangélisation, c'est défendre la liberté de pensée, de conscience, c'est défendre la recherche de la vérité.

Le mouvement évangélique est celui qui progresse le plus vite en Europe, pendant que nous entendons sans cesse que la religion perd en influence, que les églises se vident....Oui, les églises protestantes et catholiques, pendant que d'autres, bien plus actives et attirantes, se remplissent à une vitesse vertigineuse.

En conclusion, tous les intégrismes sont dangereux, pas seulement l'islamisme, c'est pourquoi on ne s'attardera pas beaucoup sur celui-ci. Les médias en font déjà bien assez pour qu'on répète ici que "c'est dangereux".
En revanche, le sionisme ou les évangéliques, sans vouloir les diaboliser comme le font les médias vis-à-vis des islamistes, sont rarement "dans le collimateur" , que ce soit de l'opinion publique (on préfère rire des évangéliques ou éviter toute critique envers l'état hébreux car on a intérieurement légitimisé l'existence de cet Etat et par conséquent les actions qu'il mène pour sa "sécurité" sont elles aussi légitimisées) ou les hommes poltiques.

Pourtant, tout part pour eux aussi, tout comme pour les islamistes, d'une profonde ignorance, que ce soit concernant la signification des textes ou  leur contexte historique. Comme nous l'avons indiqué, les combats des sionistes ou des évangéliques paraissent moins inquiétants, moins sombres, et c'est à cela aussi qu'il faut s'attaquer à travers le savoir et la transmission de celui-ci. Car tant qu'il y aura de l'ignorance, tant qu'on méconnaît les faits, il est impossible d'avancer et, surtout, de discuter tranquillement.  Les extrêmes auront toujours un mot à dire, et cela suffira à ne pas trouver de solution, que ce soit pour le conflit israélo-palestinien ou pour une réconciliation éventuelle entre les différentes branches de chrétiens, ou entre chrétiens et juifs.
 Tant que l'on considère que l'Autre (en tant que croyant d'une autre religion) appartient à une religion inférieure spirituellement (comme le pense Benoît XVI), ou qu'il "n'a pas raison", qu'on ignore son point de vue, ou celui d'historiens ou d'archéologues qui pourraient contrarier la bible, alors il est impossible de prendre le chemin de la vérité, ou plutôt le chemin de la recherche de la vérité, ce qui n'est pas tout à fait pareil.

 


Imperfections et contradictions des Evangiles